Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Nathan LernerUne donation

Parallèlement au don de 45 oeuvres de Henry Darger au musée, Kiyoko Lerner a offert en 2014 un important ensemble de photographies de son mari Nathan Lerner (Chicago, 1913-1997). Le Musée d’Art moderne lui rend hommage en présentant une large sélection de cet ensemble dans une salle de ses collections permanentes.

Issu d’une famille de juifs russes émigrés aux États-Unis, Lerner étudie très jeune à l’Art Institute de Chicago. A partir de 1932, il commence à photographier le quartier populaire de Maxwell Street près duquel il a grandi et témoigne de la Grande Dépression américaine. Intimement lié à sa ville natale, il en dévoile les moindres recoins proposant ainsi une définition de cette grande ville du nord-est américain. Ce projet de photographie documentaire n’est alors qu’une facette de son travail puisqu’à l’occasion de nouvelles rencontres, le photographe développe une pratique innovante : l’invention de la « light box » lui permet d’explorer les limites de l’abstraction grâce à des jeux de lumière sur des objets divers et variés. Chicago attire de nombreux réfugiés allemands, tels que des personnalités clés du Bauhaus fermé en 1933 : László Moholy-Nagy et György Kepes diffusent alors l’héritage de la photographie européenne et fondent, avec Walter Gropius, le New Bauhaus de Chicago, dont Lerner est l’un des premiers élèves. En 1939, Lerner assiste Kepes dans l’atelier Lumière pour en prendre la direction dès 1941. En charge de l’enseignement du design à partir de 1945, il crée quatre ans plus tard son propre cabinet spécialisé en design industriel, laissant de côté sa passion pour le médium photographique. Cette nouvelle discipline l’éloigne de la photographie jusqu’en 1971, pratique avec laquelle il renoue lors d’un voyage au Japon avec son épouse, Kiyoko Lerner.

L’oeuvre de Nathan Lerner a fait l’objet de nombreuses expositions aux Etas-Unis, au Japon et en Europe, dont une importante rétrospective en 2008 au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris.

Le fonds exposé ici en partie est un don exceptionnel à plus d’un titre : par son ampleur (230 oeuvres qui couvrent l’ensemble de sa carrière), par sa qualité, mais aussi par son aspect inédit : beaucoup d’oeuvres n’ont encore jamais été publiées ni même dévoilées au grand public, notamment une série de photographies prises au Mexique.

 

Commissaire de l’exposition : Emmanuelle de l’Ecotais