Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Apartés 2013Leonor Antunes, Julien Prévieux, Marie Voignier

Apartés, inauguré en janvier 2011, est un projet récurrent élaboré par des artistes invités à interroger les collections permanentes du musée d’Art moderne de la Ville de Paris selon un protocole prédéfini.

À l’occasion de cette seconde édition, le MAM sollicite Leonor Antunes, Julien Prévieux et Marie Voignier, dont les œuvres ont été acquises ces dernières années. Les artistes sont conviés à choisir des pièces dans les collections afin de les présenter en regard de leurs propres créations et constituer ainsi des dialogues intimes d’œuvres à œuvres. Les installations The Space of the window, 2007 (Leonor Antunes) et D'octobre à février, 2010 (Julien Prévieux) ainsi que le film L'hypothèse du Mokélé Mbembé, 2011 (Marie Voignier) sont la clef de voûte d'accrochages inédits déplaçant les codes, les lectures historiques, proposant une approche renouvelée des œuvres et des espaces.

Leonor Antunes

Née en 1972 à Lisbonne, vit et travaille à Berlin.

La démarche de Leonor Antunes s’élabore dans la radicalité de références au minimalisme et au modernisme, dans la recherche d’un équilibre fragile entre œuvres, objets d'art, mobilier et espaces.

The Space of the window, 2007
Pour Apartés 2013, Leonor Antunes propose une réinterprétation de son installation The Space of the window en l’inscrivant dans un espace des collections permanentes qui offre une diversité de volumes et de lignes architecturales. En 2004, lors d’une résidence effectuée à Paris,  l’artiste photographie le paysage urbain observé de la fenêtre de son atelier. Des fragments d’architectures modelés en plastiline (pâte à modeler très fine) et convertis en sculptures miniatures apparaissent au premier plan des photographies. Ainsi s’opère par médiums interposés, une transposition de sens et d’échelle propre aux installations de Leonor Antunes. Un recueil de ces photographies est montré déplié sur un meuble qu’elle a dessiné. L’ensemble repose sur un dallage bicolore recouvrant un vaste espace. L’installation accueille un choix affiné d'œuvres des collections qui interrogent les notions de duplication et d'échelle et créent des correspondances entre arts plastiques, arts décoratifs, artisanat, tradition et modernité.

Julien Prévieux

Né en 1974 à Grenoble, vit et travaille à Paris.

Le monde du travail, l’économie, la politique, les technologies de pointe ou encore l’industrie culturelle sont autant de domaines auxquels s’intéresse Julien Prévieux. Ses œuvres s’approprient souvent le vocabulaire et les mécanismes des secteurs d’activité qu’elles investissent pour mieux en mettre à jour les dogmes, les dérives et, in fine, la vacuité.

D’octobre à février, 2010
Le titre de cette installation constituée de pull-overs est une allusion aux Révolutions russes de 1917. Au-delà de la référence historique, l’œuvre évoque les situations actuelles de révoltes, de rébellion et de ségrégation que des sociologues anglo-saxons tentent de modéliser grâce à des programmes informatiques afin de prévenir les troubles. Les mosaïques abstraites générées par un outil numérique répondent à des codes couleur précis : le jaune identifie les individus calmes, le gris les prisonniers et le rouge les révoltés. Prenant le contrepied technologique, l’artiste a recruté sur Internet des mamies tricoteuses pour confectionner des pulls qui reprennent les motifs colorés créés par le logiciel. Cette œuvre répond à un protocole complexe croisant idéologie, sociologie, système numérique, artisanat et pratique populaire.

Les choix de l’artiste dans les collections se sont orientés vers des compositions abstraites, privilégiant les systèmes préétablis, la permutation de médiums et de couleurs ainsi que les utopies urbaines, déjouant souvent par l’humour les codes artistiques.

Marie Voignier

Née en 1974 à Ris-Orangis, vit et travaille à Paris.

Les films de Marie Voignier, d’apparence documentaire, se situent entre réalité et fiction.  En investigatrice, la vidéaste traque ce point de basculement, faisant vaciller les certitudes. Elle explore le hors-champ ainsi que le langage, ses paradoxes et sa capacité à inventer le monde.

L’hypothèse du Mokélé-Mbembé, 2011
Questionnant la croyance, le film montre la quête d’un crypto-zoologue cherchant au Cameroun des preuves tangibles de l’existence d’un animal mythique, que les pygmées nomment le Mokélé-Mbembé. Infatigable, Michel Ballot, compulse les témoignages et tente de produire une représentation de l’animal dont l’apparence oscille selon les descriptions entre un grand rhinocéros et un diplodocus au long cou et aux pattes griffues.

L'accrochage proposé par l’artiste instaure un climat d’incertitude et ébranle notre perception, en écho à l’étrangeté du film. Le parcours s’élabore en finesse et en sensibilité. Il célèbre les inventeurs et les précurseurs dont les expérimentations les plus improbables ont préfiguré la conquête de nouvelles formes et tracé une voie de l’imaginaire à la réalité.